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théâtre

Le Tartuffe de Stéphane Braunschweig

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 Quand Molière rencontre un metteur en scène, c’est depuis 3 siècles une incessante redécouverte de la noirceur et de l’hypocrisie humaines.

 C’est l’histoire de Tartuffe, faux dévot et maître de la dissimulation et du mensonge, qui, utilisant le levier de la religion se jouera d’une famille bourgeoise et notamment d’Orgon, le maître de maison, pour arriver à ses fins inavouables. Bien qu’écrite par Molière au XVII ème siècle, il n’est pas sûr que tous les Tartuffe aient disparu de la terre ! Certes, le scandale que souleva sa représentation en 1664 n’est plus de mise, mais Stéphane Braunschweig dénonce ici tous ceux qui ont remplacé aujourd’hui les faux dévots, c’est-à-dire les gourous, les fanatismes, les états manipulateurs ...  « Le monde a évolué, les mœurs évoluent, la morale aussi, mais la peur de l’amour, la peur de ne pas être aimé, le désir de sauver l’autre, les situations d’emprise, ce sont comme des invariants de la condition humaine moderne. » nous dit Stéphane Braunschweig qui a vu dans Tartuffe le moyen de nous rappeler avec humour que la collusion entre le pouvoir et le discours religieux pouvait mener à bien des errements.

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées. » Molière (Tartuffe)

 Notre monde matérialiste parfois tenté par une solution spirituelle ne perds rien à revoir Tartuffe, cette belle leçon de scepticisme, valeur qui, avec le doute, sera peut-être demain indispensable pour comprendre la marche du monde. Stéphane Braunschweig signe avec ce Tartuffe sa dernière pièce à la tête du Théâtre national de Strasbourg qu’il dirige depuis 2000 et dont il a laissé cet été les rênes à Julie Brochen avant de rejoindre en 2010 la direction du Théâtre de la Colline à Paris. Considérant que « Mettre en scène, c'est à la fois dialoguer avec des auteurs et le monde où l'on vit. » Stéphane Braunschweig a imaginé un décor très symbolique qui nous fait descendre dans les bas-fonds de notre conscience et révèle le piège dans lequel les personnages sont pris.

Publié le 26/10/2008 Auteur : Françoise Objois

 Du 6 au 16 novembre 2008
Théâtre du Nord, place du Général de Gaulle à Lille
Tél.03.20.14.24.24

Mots clés : théâtre