Printemps turbulent

Rappeler d'abord que les trois jours de l'évènement ne sont que la partie émergée d'un iceberg de travail annuel autour de la fabrique du Boulon. Outre la programmation régulière, le lieu accueille au fil de la saison une large diversité d'artistes venus peaufiner leurs idées, travailler leurs créations, confronter leurs démarches à tout un territoire curieux dont les habitants se mobilisent nombreux pour prendre part au festival, en créant des décors, participants à des spectacles ou en s'impliquant comme bénévoles. Appuyée sur le savoir-faire d'une équipe autant que sur une connaissance aussi profonde que fine, Virginie Foucault, directrice de la maison a bâti un programme aussi éclectique que savoureux. Indétrônable maître de cérémonie, Calixte de Nigremont ouvre le bal d'une édition 2024 qui continue de jongler entre propositions vespérales originales (le mapping/ciné-concert Fantôme du Collectif La Méandre, la quête de beauté proposée par Ourse ou la création de la Cie Adhok : Check Off qui revisite... Tchekov), propositions engagées (la déambulation Le pédé du collectif Jeanne Machine retraçant l'histoire des luttes des homosexuels, la création Nadine par la Cie La Fugue autour des soignants et des seniors, le puissant Ce que j'appelle oubli de la Cie Garniouze Inc autour du texte de Laurent Mauvignier ou Comme un escargot en apnée autour de l'exil) et formes plus légères entre poésie et prouesse (Fleurir les abîmes la création de Claire Ducreux, Bleu tenace de la Cie Rhizome, Passing swiftly par Un loup pour l'homme, Bakana de la Cie Daz Arnak ou Jean-Noël Mistral et Tu me reconnais ? de la Cie Spectralex entre autres). Impossible de détailler l'ensemble des propositions, fidèle à sa démarche, le festival des Turbulentes prend grand soin de faire le lien entre les générations, les formes et les disciplines. Pour profiter au mieux de la densité des 32 spectacles du rendez-vous, la préparation d'un parcours à l'aide du programme demeure chaudement recommandée.