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théâtre

Le commis qui flirtait avec sa mort...

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Il parle, il parle Dominique Pitoiset. La crise, Arthur Miller, l'espoir, « Monsieur Sarkozy », les questions des journalistes, David Lynch, sa double vie d'acteur-metteur en scène... Lorsque le directeur du TnBa parle de sa nouvelle création (et pas seulement), il a des choses à dire. Morceaux choisis.

Avec le Qui a peur de Virginia Woolf ? d'Albee la saison passée, on avait cru déceler chez lui une admiration pour les auteurs nord-américains du XXème siècle, « qu'on connaît sans connaître »... Et pourtant, quoi de plus actuel que des auteurs parlant « de crise morale sur fond de crise sociale »... alors va pour une trilogie.  Pourtant en France d'après lui, « on ne sait pas mettre en scène ce théâtre », vif, réactif, immédiat, un jeu « hérité de l'actors studio », pas de l'écrit mais « du parlé tout le temps ».
Deuxième volet donc avec Arthur Miller et sa Mort d'un commis voyageur, « l'Amérique de la middle class : on ne se rend pas compte combien cette culture a marqué la nôtre »... et des réalisateurs comme Tim Burton (Big Fish) ou David Lynch (Mulholland Drive), qui « ne font que le rejouer ». Ces « gens réels » dans l'Amérique capitaliste, « une compétition de chaque instant qui détruit les individus »...

ESPOIR ET DÉSESPOIR

L'histoire donc, c'est celle d'un homme comme beaucoup d'autres, qui a passé sa vie à parcourir le pays pour le compte d'une grosse boîte, jusqu'au jour où il se retrouve licencié brutalement, avec autour de lui sa femme et ses enfants, se rendant compte finalement qu'avec son assurance vie, « il a plus de valeur mort que vivant »... un sujet « dicté par l'actualité » (triste série chez France Telecom...), « une fable qu'on connaît aujourd'hui et que l'on va connaître de plus en plus ».
Les soupçons de théâtre "commercial" ? « C'est pas la question : on fait des pièces aujourd'hui parce que c'est nécessaire, parfois on attrape la cible, parfois non... » Parler de ces enjeux liés à l'actualité, « le théâtre français est pauvre à ce niveau : on a beaucoup de théâtre de l'intimité, de la biographie, mais pas d'auteurs politiques comme dans les autres pays, l'Angleterre, l'Allemagne... » Des habitudes qui pourraient changer : « les effets secondaires de Monsieur Sarkozy vont générer des écritures totalement différentes et beaucoup mois portées sur soi ». Et même s'il ne faut y voir  aucune intention de « réformer le théâtre », plutôt celui de « tenir le cap face aux réformes qui nous assassinent »...
Concrètement en tout cas, « une pièce géniale truffée de flashbacks », à travers les pensées de cet homme, revenant sur sa vie et son parcours... côté mise en scène, rassurez-vous, « aucune complaisance avec le lugubre », mais une descente aux enfers présentée « avec l'humour et la dérision qui doivent accompagner l'existence ». Pas de quoi déprimer non plus, au contraire, car l'idée, c'est plutôt de « célébrer la vie, même dans cette situation », dévoiler les moments de tendresse, ces moments « où la vie est faite d'espérances »... Chez Miller, « c'est ce qui fait que c'est un chef-d'oeuvre ».

Publié le 03/03/2010 Auteur : W. Do Nascimento

Mort d'un commis voyageur, du 10 au 27 mars au TnBa (8 à 25 euros). Tel : 05.56.33.36.60. www.tnba.org.


Mots clés : théâtre