Sortir : Quels enjeux ce rapprochement entre les deux structures représente-t-il ? Cela répond-il à une logique ?

Gilbert Langlois : C'est une situation qui engendre forcément une réflexion sur le territoire. Elle repose aussi la question des publics. Il faut aller les chercher, les mélanger et ne surtout pas se fermer sur un public. Le défi passionnant c'est celui du mélange à créer entre les générations et les milieux sociaux. Cela participe aussi d'une réflexion plus vaste dans le positionnement de villes comme Béthune, Arras, Douai et Cambrai en tant que contrepieds d'une métropole lilloise très centralisatrice à l'échelle régionale. À ce titre l'expérience naissante entre Arras et Douai s'inscrit dans une dynamique plus vaste et plus complexe.

Sortir : Le lien qui est en train de se nouer entre Arras et Douai engendre aussi d'autres questions : administratives et politiques, notamment...

G. Langlois : Effectivement, une question se pose en ce qui concerne le rapprochement des deux maisons, c'est celle de l'identité administrative de chaque lieu. Nous garderons sans doute deux associations séparées mais il va être nécessaire de créer une entité unique autour des deux lieux. Nous sommes en train d'y réfléchir mais c'est aux tutelles qu'il appartiendra de trancher.
Nous scherchons la meilleure manière d'arrimer les deux structures et leurs fonctionnements différents. Aujourd'hui, il y a deux équipes différentes, deux conseils d'administration et deux histoires qu'il nous faut travailler à rapprocher. La chance que nous avons, c'est de pouvoir nous appuyer sur une volonté politique forte, aussi bien à Arras qu'à Douai et c'est important parce que les choses se jouent aussi à ce niveau-là. Une partie des financeurs des deux lieux sont les mêmes ce qui invitent aussi à des rapprochements.

Sortir : Chacun des lieux continue de répondre à des exigences artistiques différentes mais néanmoins complémentaires.

G. Langlois : Notre organisation actuelle est évidemment à préciser, les choses ne peuvent se faire comme ça. L'idée, à terme, serait de créer un pôle de production européen appuyé sur les deux lieux avec l'accueil et le soutien de compagnies en résidences et un travail de création et de diffusion.
A ce titre, la diversité des espaces proposés par les deux structures s'avère très intéressante. Il aussi existe une complémentarité artistique : Arras accueille plus de danse et s'appuie sur des espaces spécifiques avec son théâtre à l'italienne, ses deux salles et son espace dédié aux concerts. Douai vit dans un cirque en dur avec un grand plateau. Malgré ces spécificités, il s'agit pour moi d'un seul et même projet réparti sur deux lieux différents. En tout, ce sont six scènes qui sont disponibles et que nous pourrons travailler à proposer aux artistes dans le cadre d'un projet global. L'idée ne consiste pas forcément à partir sur un festival mais plutôt sur un focus autour de compagnies européennes par le biais par exemple de cartes blanches.
J'ai aussi envie de faire bouger la temporalité de la présence des artistes, qu'ils ne soient plus accueillis que pour un jour ou deux avant de repartir. J'aimerai que nous puissions proposer des séries de dix représentations, que les compagnies soient présentes plus longtemps et en dehors des temps de représentation afin de mieux valoriser leur présence et de bénéficier encore davantage de ce qu'ils nous apportent.