Small soldiers

Outre le texte de la pièce, la bonne idée de Marie Levavasseur qui en assure la mise en scène, c'est d'avoir puisé dans Elikia, monologue inédit, de quoi compléter le périple de la pièce pour en approfondir la portée et l'impact. Parfaitement autonomes, les deux textes se complètent habilement dans une alternance entre le rythme des scènes de la pièce et le balancement avec le monologue. Sur un plateau, au départ presque nu, déboulent peu à peu une matière dense parsemée d'eau recréant la jungle que parcourent les personnages incarnés par Lisa Hours (en alternance avec Gaëlle Moquay), et Baptiste Toulemonde tandis que Fanny Chevallier défend le monologue d'Angelina, infirmière qui évoque Elikia.

Subtilement, le montage de textes dévoile un périple tragique qui se dévoile lentement jusqu'à un final puissant. Sur scène, les instants de mouvements frénétiques alternent avec des moments posés, au cours desquels la force des mots trouve son chemin dans une scène devenue vivante et vibrante où l'eau trouve une belle place. Derrière une entrée en matière qui retient l'attention autant qu'elle tente de donner un aperçu de l'univers bouleversé des personnages, Le bruit des os qui craquent est un spectacle âpre et intense qui ne provoque de choc que pour dénoncer l'horreur de la situation. Les mots d'une enfant brisée y trouvent une belle portée et la compagnie Tourneboulé un nouveau spectacle à partager d'urgence. « Je veux dire à ceux qui font la guerre que si le fusil tue le corps de celui qui a peur, il tue l'âme de celui qui le porte » dit Elikia, un cri qui résonne singulièrement avec l'actualité.