Quand le théâtre fait exploser l’espace-temps
Des personnages – qui sont-ils, que font-ils ? - on ne sait rien ou presque, mais on essaye tant bien que mal de reconstituer les morceaux éclatés de l’histoire de Marie. Qu’en reste t-il dix ans après ? L’absurdité apparente de tranches de vie jetées dans le désordre au hasard du temps. Des bribes de souvenirs de ses rapports tumultueux avec les hommes qui ont croisés sa route. Pas grand-chose finalement, sinon la solitude.
La banalité d’un appartement, huis-clos entre porte et fenêtres, donne lieu à quelques scènes de quasi boulevard quand le rythme s’accélère et que le passé et le présent se télescopent le plus naturellement du monde.
L’humour s’allie ici avec intelligence au mystère qui plane pendant une heure quarante sur la scène et brouille les repères de la narration classique. La magistrale mise en scène d’Alain Françon et le talent de l’équipe de comédiens dont Jacques Weber/Julius et l’époustouflante Georgia Scalliet/Marie Steuber font le reste. Notons la présence remarquée du jeune Renaud Triffault qui a fait ses classes à l’École du Nord (ex EPSAD). Quant au décor, façon Hopper, il plonge le spectateur dans une réalité réinventée en écho à la narration de Botho Strauss.
Publié le 08/03/2017
Le temps et la Chambre, Botho Strauss
Jusqu’au 12 mars 2017, Théâtre du Nord, Grande salle, Lille.
Tél. 03.20.14.24.24