Trop souvent, nous négligeons les programmations de ce type de salle, aveuglés par les offres des scènes de musiques actuelles mais aussi par nos a priori. Fort longtemps, ces lieux sanctuarisés écartèrent le binaire, résumant les musiques actuelles à William Sheller ou Jane Birkin avec un peu de jazz et de world music pour faire bonne mesure. Cependant, le Théâtre d'Arras avait déjà initié le concept de scène partagée, accordant une carte blanche à des artistes pour présenter des concerts rompant avec la routine des tournées. Quelques péripéties plus tard, le Théâtre d'Arras réaménage le concept.
Cette fois, ce sont les franco-globaux de Moriarty qui s'y collent. Riche des diverses nationalités composant le groupe, Moriarty n'en demeure pas moins très influencé par une certaine Amérique. Au super-vilain James Moriarty du britannique Conan Doyle, le groupe a préféré Dean Moriarty du Sur la Route de Kerouac. D'où une appétence pour les chemins de traverses folk et les fleuves sinueux aux riches limons musicaux. Dans cette quête aux racines sans frontières, les Moriarty embarquent d'autres musiciens baladeurs. La norvégienne Thea Hjelmeland et sa pop fragile comme des sculptures de glace, Don Caballi est français mais son obsession pour le blues, le rythm'n'blues et le rockabilly des pionniers impressionne les Américains eux-mêmes, enfin l'anglo-helvète Mark Kelly distribuera ses choco-suisses aux riches ingrédients afro-américains et caribéens.