Compétition officielle
Un  prophète, de J. Audiard. (Sortie le 26 août). Du prophète, on n’en connaissait que le titre. Et le cadre : l’univers carcéral.  Malik El Djebena a pris six ans pour avoir frappé un flic. A voir sa gueule d’ange, la prison a tout pour le briser. Derrière les barreaux, un groupe de nationalistes corses mené par César Luciani (Neils Arestrup, glaçant) tient la place d’une poigne de fer. Pour gagner leur protection, Malik devra assassiner un arabe musulman devenu gênant. Suspecté par ses pairs,  méprisé par les caïds de la taule, Malik va devenir indispensable aux petites manipulations de chacun.  C’est tout le paradoxe du personnage qui passionne. Parti de rien, Malik va se construire en prison. Vision effrayante mais diablement prenante, filmée caméra à l’épaule par un Audiard inspiré. Un vrai film noir qui a tous les atouts d’un grand polar en battant en brèche les idées reçues du monde carcéral. Le Français signe ici un vrai film réaliste et haletant et esthétique. (Sortie le 26 août)


Bright Star, de Jane Campion : la romance partagée par le poète John Keats et la pétillante Fanny Brawne. La photographie est magnifique, la mise en scène aux petits oignons. Un parfait exercice de style, sauf que le scénario se perd dans de larmoyantes longueurs.  (Sortie le 22 juillet)


Thirst, de Park Chan Wook : sa trilogie sur la vengeance achevée, Park Chan Wook revient avec une histoire de vampire. Sombre et insolite à la croisée de Old Boy et Je suis un Cyborg. Mais incapable d'équilibrer son récit, le cinéaste coréen déroute dans le dernier tiers de l'histoire, devenue trop extravagante. (Sortie N.C)


p4 ciné Cannes takingwoodstock.jpgTaking Woodstock, de Ang Lee : le cinéaste revisite le festival mythique qui fêtera ses quarante ans en août prochain. Un jeune homme à l’avenir prometteur décide de faire venir un festival de musique hippie dans son village pour éponger les dettes de ses parents. Coloré, rythmé et bien conté. Euphorisant. (Sortie le 9 septembre)


Looking for Eric, de Ken Loach : le héros du film n’est pas celui qu’on croit. Eric du titre, c’est Eric Cantona, footballeur. Mais aussi le nom du héros du film, père de famille divorcé qui élève seul ses deux fils , il se morfond dans son quotidien de postier. A moins qu’il ne retrouve le frisson des victoires de son idole, Eric Cantona. Se remémorant ses victoires, il s’imagine reprendre goût à la vie avec lui. En fait d’un film sur le footballeur, surtout le parcours de ce postier d’une banlieue, au bout du rouleau. Cantona s’efface au bon moment, s’oublie même dans la deuxième partie du film. Et joue admirablement la carte de l’autodérision. Une catharsis pour Eric le postier, la renaissance d’Eric le footballeur, devenu acteur. « I’m not a man, I’m Cantona » déclame t-il dans le film. La standing ovation qui a suivi la projection lui a donné raison.  Rendez-vous la semaine prochaine !

 « Les beaux gosses » de la Quinzaine
Les années collèges, vous vous souvenez ? Vous savez, cette période où vous aviez le visage constellé de boutons. Où l’on vous prend en grippe si vous avez de bonnes notes, que vous ne portez pas les dernières baskets à la mode ou tout simplement parce que votre tête ne plait pas ? C’est le quotidien des Beaux gosses. Des personnages de BD, crées par Riad Satouff.  Un papa qui leur fait passer le cap du grand écran avec brio. Toutes les anecdotes bonnes ou mauvaises sont mises sur la table. La honte d’être vu avec ses parents, les premières expériences amoureuses et émois sexuels, le rap, les parents esseulés, les profs désabusés… Une excellente chronique de l’adolescence à la française.  (Sortie le 10 juin)