Sortir : Comment s'est passé la scène de l'accouchement ?
Louise Bourgoin :
En fait, j'ai mis trois jours à accoucher ! Non sérieusement, en tant que spectateur, je suis toujours sorti du film au moment d'un accouchement : c'est systématiquement surjoué, sportif, voire grotesque, et puis il y a l'enfant qui a déjà des cheveux... Du coup, pour le rôle, j'ai été assisté à une dizaine d'accouchements : en l'occurence, j'avais vraiment un rôle sadique, d'observer ces femmes en train de souffrir, c'était atroce ! D'ailleurs avant l'accouchement, toutes refusaient les calmants pour pouvoir vivre le truc à fond, mais au moment fatidique, toutes craquaient "donnez-moi la péridurale !" Au final, j'avais une idée fausse de tout, je me suis beaucoup inspiré de ces femmes. De la même façon, je pensais qu'elles éclateraient toutes de joie après l'accouchement, mais non, elles sont davantage dans l'observation, à vérifier que tout est là, à compter les doigts, genre contrôle technique du bébé. C'est plus le père qui est chamboulé, car il réalise seulement à ce moment-là qu'il devient papa.

Sortir : Et jouer la femme bourrée ?
L. Bourgoin :
Ça aussi, ça a l'air de rien, mais c'est très délicat, ça peut très vite viré au grotesque... Il faut savoir sortir de soi. Et puis il y a aussi des techniques plus "physiologiques", à savoir tourner sur soi-même plusieurs fois : derrière, tout tourne, ça vous lance et ça influe sur la tonalité du son de la voix. Un peu de la même manière dans Adèle Blanc-Sec, on m'avait expliqué que marcher à certaines vitesses avaient une réelle influence sur ma diction... ce qui s'est vérifié.

Sortir : Et alors, ça vous donne encore plus envie de devenir maman ?
L. Bourgoin :
Sur le tournage, je suis resté des semaines sans mettre de mascara, on me mettait du gras dans les cheveux, c'était horrible ! Plus franchement, pour répondre à votre question, je vais citer Frédéric Begbeider (pour qui elle tourne actuellement) : "la décision d'avoir un enfant est tellement importante qu'il ne faut pas la prendre au sérieux".