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Perturbator + Hangman’s Chair + Author & Punisher

Perturbator + Hangman’s Chair + Author & Punisher (2022)
Ce “fils de” s’est fait un nom ou plutôt une image tant sa discrétion personnelle dénote avec l’ampleur de son développement international. En quelques années, ce jeune parisien est devenu le fer de lance de la scène synthwave mondiale, tout simplement. Perturbant.


PERTURBATOR (FR)

Il a développé un univers visuel qui, s'il est ultraréférencé, n'en demeure pas moins parfaitement identifiable : sombre résolument, rétrofuturiste avec un penchant certain pour l'esthétique 80s, le cyberpunk et la symbolique sataniste – un peu comme si le blade runner Rick Deckard prenait un verre avec une succube sous les néons d'un bar louche de Tokyo en 2347. Musicalement, c'est itou : une noirceur poisseuse striée de fulgurances lumineuses, des synthés saturés et inquiétants, lorgnant à l'occasion vers l'indus, le dubstep ou l'ambient, et une atmosphère générale qui n'incite guère à l'optimisme...Figure de proue de ce que l'on nomme par convention la synthwave (ou retrowave), James Kent a toujours superbement évité les écueils spécifiques et les facilités d'un registre qu'il a largement contribué à créer,  lui imprimant un caractère crépusculaire, voire sépulcral, à rebours des clichés du genre. Ni plus rapide, ni plus facile, mais plus séduisant : bienvenue du côté obscur.

HANGMAN'S CHAIR (FR)

C'est un noir de nuit, un noir de laque, dense et profond, qui innerve les compositions du groupe essonnien ; un noir de colère et de désespérance, sur une trame musicale répétitive et obstinée, qui se déroule comme une route déserte s'acharnant à toucher un horizon qu'elle n'atteindra jamais – quelque chose comme un road trip sous Valium, une nuit d'errance dans une banlieue triste. Mais si cet alliage à toute épreuve de doom, de stoner, de sludge – voire, par moments, de grunge et darkwave – peut sembler se complaire ad nauseam dans un spleen glauque (en même temps, avec un tel nom de scène, on peut difficilement s'attendre à des mièvreries genre L'Île enchantée), il dégage également une réelle ferveur qui bouscule et étreint et prend à la gorge.

AUTHOR & PUNISHER (US)

Quand, au début du XXe siècle, le peintre et compositeur Luigi Russolo théorise la musique bruitiste – « sortir la musique du cercle restrictif du son pour explorer l'infini variété des bruits » – il ne se doutait sans doute pas de l'incroyable élan de créativité que son manifeste allait engendrer jusqu'à nos jours. Tristan Shone, originaire de San Diego, a pris le futuriste italien au mot : cet ancien ingénieur en mécanique fabrique lui-même ses « drone machines », qu'il combine à la plate-forme arduino pour produire une musique industrielle, agressive, frontale, qui, si elle rappelle le doom comme certains des albums les plus brutaux de Ministry ou de Godflesh, est essentiellement mue par sa propre logique « mécaniste » d'expansion et d'expérimentation – donc d'immenses possibilités pour un des artistes les plus prolifiques du genre.

Publié le 04/10/2022


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