Welcome

Simon, maître nageur, croise par hasard, la route de Bilal, jeune réfugié kurde échoué à Calais après un très long périple. Le rêve de Bilal, c'est de gagner l'Angleterre pour y rejoindre son amoureuse, laquelle l'attend avec impatience pour échapper à un mariage arrangé. Jusque-là peu concerné par la question des réfugiés, Simon va prendre Bilal sous son aile, en partie pour reconquérir sa femme...

Philippe Lioret a le chic pour dépeindre en pellicule et en moins de deux heures des portraits pétris d'une humanité très forte et ce, qu'on se trouve dans les coulisses d'un hôtel (Tenue correcte exigée), le sillage d'une visiteuse médicale (Mademoiselle), autour d'un phare (L'équipier) ou d'une disparition (Je vais bien ne t'en fais pas). Ici, après Jacques Gamblin, Sandrine Bonnaire et Mélanie Laurent, c'est au tour de Vincent Lindon de pénétrer l'univers du cinéaste, une rencontre réussie, l'interprétation du premier complétant magnifiquement la réalisation du second. Sans jamais forcer le trait d'une émotion pourtant très présente, le réalisateur tisse lentement la trame d'un drame social d'autant plus fort qu'il est d'une douloureuse actualité. Avare de mots et de facilités narratives, le film suit Simon à la trace, c'est dans cette fidélité que se construit une fois encore un portrait d'une belle exigence. Pas ici de grands discours verbeux ou d'explications de textes pompeuses, les plus belles scènes de Welcome ont pour écrin les plages et les rues de Calais, très loin de la pompe factice dont le cinéma aime souvent à s'entourer. Sans doute moins exotique, mais beaucoup plus beau.