Louise Bourgeois.jpegCe qui intéresse Emmanuelle Delapierre, Directrice du musée des Beaux-Arts de Valenciennes, « c'est le rapport de l'art au vivant, comment l'art ré-interroge des questions qui nous sont communes à tous. » L'exposition Tenir debout reflète cette volonté, « comment les oeuvres arrivent à représenter l'élan de la vie. » Être debout, non dans une position triomphale ou héroïque, mais dans toute sa fragilité.

Quatre sections de visite : (se) tenir, face au monde, verticalité ; tenir bon, résister ; faire face, certainement la plus émouvante, autoportraits, regards, nous touchant au plus profond ; faire bloc ?, épilogue en forme d'acceptation de notre condition humaine.

L'équipe travaille deux ans pour rassembler des œuvres venues des quatre coins du monde, de tous les styles artistiques, des grandes signatures, de Rodin à Louise Bourgeois, Man Ray ou Gilbert et Georges, Pelen.jpegmais aussi moins connues : le Belge Claude Cattelain en équilibre sur le toit de sa maison à Valenciennes, retenu par le vent, impressionnante performance, le Montpelliérain Lucien Pelen, petit figure humaine dans un vaste paysage grandiose : « fragilité de l'homme, espoir d'échapper à cette condition », ou le Malien Amahiguéré Dolo, issu du peuple Dogon, il ne peut être sculpteur, n'appartenant pas à la caste des forgerons. Il finira par démissionner de son avantageux poste de fonctionnaire (impensable !), pour finalement se consacrer à la sculpture (avec raison, quelle oeuvre sublime !). Section suivante, des visages nous toisent, « tenir, c'est aussi tenir dans le regard de l'autre ! »

Photographies marquantes de jeunes indiennes, enlevées, vendues, prostDahri.jpegituées, aujourd'hui recueillies dans une association, ou de ces mamans et leur nouveau-né, juste après l'accouchement, clichés froids, documentaires, mais aussi très vrais, loin de la layette rose ou bleue ! Ou encore ce compagnon d'Emmaüs, que l'on approche peu à peu. Deux autoportraits également nous affectent : Zoran Music, survivant de Dachau, et Jimmie Durham, représentant des Indiens Cherokee à l'ONU, qui a refusé de vivre aux Jimmi.jpegÉtats-Unis. Ce dernier propose aussi une construction pour dénoncer la situation des réfugiés de Calais, où il a été en résidence. « On ne tient que parce que l'on accepte ses propres fragilités. L'idée, c'est que l'on sorte de cette exposition en se disant que l'art n'est pas qu'un enjeu de connaissance, mais un enjeu de vie, qui renvoie à ce que l'on est », souhaite Emmanuelle Delapierre. Souhait exaucé !