« Le film le plus bizarre jamais présenté à Cannes » avait prévenu Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, lors de l'annonce de sa sélection. Pater est un film singulier, revigorant, qui ne va dans le sens d'aucune production actuelle. Un docu-fiction sans fioritures, qui met en scène Alain Cavalier et Vincent Lindon dans un film sur le fil, décomplexé et inspiré, où Alain Cavalier invite simplement Vincent Lindon à déjeuner chez lui. A partir de là, ils se donnent des rôles. Alain Cavalier sera Président de la République. Vincent Lindon sera nommé Premier Ministre.

Un jeu de rôle impayable où l'on pénètre avec ravissement l'intimité des deux hommes qui glissent allégrement de la réalité à la fiction. Les rôles distribués, les deux hommes dissertent de questions d'actualité, de société, d'art de vivre... Et se laissent prendre parfois à leur propre manège, comme lorsque Vincent Lindon, que l'on sait engagé, dépasse son rôle de comédien et s'insurge contre le propriétaire de son immeuble, trop prompt à augmenter les charges pour se remplir les poches ! Artisan d'un cinéma-documentaire, le film d'Alain Cavalier, tourné à l'aide d'une simple caméra DV, découvre une relation très forte, à la fois amicale et paternelle entre les deux hommes. Puis s'instaurent les rapports de force, la volonté du Premier Ministre Lindon de « tuer le père » du titre, en devenant calife à la place du calife. « Tout est faux, puisque c'est du cinéma ! » conclut Cavalier dans un face à face franc du collier entre les deux hommes. « Au contraire, c'est vrai puisque c'est du cinéma ! » répond Lindon. Le système Cavalier peine parfois à se renouveler, mais est d'une sincérité déconcertante. Une véritable déclaration d'amour au cinéma, une ode à la simplicité.