C’est l’histoire d’une vie qui n’est pas sans histoires. D’une vie qui croise la grande Histoire, celle de l’Allemagne au XXe s. La petite fille sans nom aux yeux bleus née en 1937 dans un pays maudit ne s’en remettra jamais. Par petites touches, Anne-Marie Storme suggère le drame de l’enfance en temps de guerre dans un pays qui inventa la solution finale et perpétra le plus grand génocide de tous les temps dans la silencieuse indifférence de ses habitants.

Le silence et la culpabilité sont les deux personnages principaux de cette pièce qui posa une question difficile à tous les allemands de cette génération et de celle d’après, comment construire une vie sur les ruines de l’Allemagne d’après la Shoah ? La comédienne Anne Conti incarne avec beaucoup d’humanité la fragilité de cette femme emmurée dans un intime secret qu’elle partage avec toutes les allemandes de sa génération et qui n’en finit pas de se souvenir. Seule sur un plateau nu avec pour seul décor les lumière d’Hughes Espalieu, les sons de Johann Chauveau et les images vidéos de Fanny Derrier, elle tente de dire l’indicible.